Véhesse

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Billets qui ont 'Cormier, Robert' comme auteur.

mardi 14 janvier 2014

RIP Jean Fabre, fondateur de l'Ecole des Loisirs

Voir ici.

J'ai découvert cette maison d'édition aux alentours de 1993, quand la société où je travaillais a emménageé au dos de la bibliothèque de Levallois-Perret. A l'époque je ne lisais plus (comprendre: "plus rien de sérieux"), je feuilletais ce qu'il y avait sur les tables de présentation, j'emportais des policiers. Les bibliothécaires effectuaient un remarquable travail de sélection, je me souviens d'un livre de pâtisserie par Hermé (un "beau" livre) et d'un livre sur les énoncés des exercices de mathématiques en primaire dans les années 30 en Allemagne (qui revenaient assez souvent à calculer combien de kilos de patates mangeait un Juif en un an. J'ai compris alors ce qu'était l'endoctrinement).

Les livre de L'Ecole des loisirs, ce sont dans mon souvenir des livres "engagés" sur des sujets politiques, leurs conséquences sur le quotidien racontées du point de vue d'un enfant: je me souviens d'un livre sur la ségrégation aux Etats-Unis, un sur la guerre en Irlande, un sur une famille juive fuyant dans la campagne hollandaise, un sur l'homosexualité (Les lettres de mon petit frère de Chris Donner)…

Ce sont trois noms: Marie-Aude Murail (Le Hollandais sans peine, la série des Emilien, le grand cœur un peu nunuche, etc), Anne Fine (ce qui m'amènera à lire ses livres pour adultes aux éditions de l'Olivier (souvent atroces: Un bonheur mortel, Une sale rumeur), le premier de la liste étant Les confessions de Victoria Plum, dans lequel doit se trouver la remarque qu'un divorce, c'est la mort de toutes les private jokes qui ne sont plus rien dès que l'autre n'est plus là pour s'en souvenir avec vous)) et Robert Cormier, avec La guerre des chocolats et Après la guerre des chocolats, et surtout L'Eclipse, un formidable (comprendre effrayant) livre de SF écrit par un garçon qui découvre qu'un homme de sa famille par génération peut devenir invisible, et que c'est lui qui a hérité du don.

Comptent tout particulièrement le tendre Embrasser une fille qui fume et Toutes les créatures du bon Dieu de James Herriot (dont j'ai eu la surprise de découvrir en lisant Les demeures de l'esprit, Grande-Bretagne, Irlande II qu'il était une star en Grande-Bretagne).

Etrangement (ou pas), mes préférés dans cette liste sont épuisés et très difficiles à trouver.

dimanche 20 mai 2007

Actualité et fiction II

Quelques jours auparavant, j'avais également relevé ce genre de coïncidence entre la fiction et la réalité.

Des collégiens lyonnais inventent la rixe spectacle
Un élève de 15 ans a été sérieusement blessé lors d'une bagarre organisée à la manière d'une rencontre payante.
[...] L'affrontement entre un élève de troisième et un autre de quatrième aurait pour origine un différend verbal survenu quelques jours auparavant au collège. On parle d'une banale histoire de tee-shirt porté par la victime. Rendez-vous a été pris, en tout cas, pour une explication musclée après la classe. La rumeur se répand alors comme une traînée de poudre dans le collège et jusque dans les établissements voisins. Selon la plainte déposée par la victime, un élève renvoyé deux ans plus tôt aurait même joué les organisateurs, faisant payer pour assister au «spectacle».
Deux jours plus tard, le jeudi 19 avril, une quarantaine de garçons et de filles élèves du collège Vendôme, mais également inscrits dans d'autres établissements, se retrouvent finalement dans la cour d'immeuble où le garçon menacé reçoit la correction promise. Certains filment même la scène avec leur téléphone portable. Le collégien de troisième, âgé de 15 ans, reçoit des coups de poing au visage qui lui fracturent la mâchoire. Toujours hospitalisé, il lui a été prescrit une immobilisation de quarante-cinq jours.

Frédéric Poignard, in Le Figaro du 2 mai 07


Une variante de cette scène est décrite dans La guerre des chocolats, de Robert Cormier. Cormier est un excellent auteur de l'Ecole des loisirs, et autant les Bébés de farine sont vraiment un livre pour enfants, autant tout le monde peut être intéressé par La guerre des chocolats, ne serait-ce que pour savoir ce qu'il est prévu de faire lire aux adolescents. Ce livre me rappelle par bien des aspects Sa majesté des mouches, de Golding, à cela près qu'il se déroule dans un contexte scolaire, et que la lâcheté, voire la cruauté et la bêtise, des adultes ont largement leur part de responsabilité dans l'enfer que devient progressivement le lycée.

Archie dirige une bande de mauvais garçons qui font la pluie et le beau temps à Trinity College. Ce qui fait la force d'Archie, c'est son imagination démoniaque et son intuitive connaissance des motivations des gens. Il organise un combat entre Janza, la brute de l'école, et Renault, un élève qui a résisté à Archie en refusant de vendre des chocolats pour la fête de l'école.

Les billets de tombola se vendaient comme des photos pornos.
[...]
Ces billets de loterie.
Oh! la! la! Terrible!
Archie n'en avait pas encore vu un de rempli et il arrêta l'un des vendeurs recrutés par Brian Cochran.
«Voyons!» dit Archie, en tendant la main.
Le gars fut rapide à s'exécuter et Archie fut content de sa soumission. Je suis Archie. Mon désir est un ordre.
Au milieu des spectateurs agités et bruyants, Archie regarda le papier. Dessus étaient écrits les mots suivants:
Janza
Un direct du droit dans la mâchoire
Jimmy Demers
Voilà la beauté de cette loterie, simple, étonnante, le genre de tour inattendu qui faisait la renommée d'Archie Costello car on était toujours sûr qu'Archie pouvait se surpasser. D'un seul coup, Archie avait forcé Renault à se montrer, à s'impliquer dans la vente des chocolats et l'avait mis aussi à la merci de l'école et des élèves. Les combattants sur l'estrade n'auraient aucune volonté propre. Il faudrait qu'ils se battent comme les spectateurs l'exigeaient. Tous ceux qui avaient acheté un billet — et qui aurait refusé? — avaient l'occasion d'être impliqués dans ce combat, et d'observer deux types se battre à une distance suffisante, sans danger de recevoir des coups. La difficulté avait été d'amener Renault ici, ce soir. Une fois sur l'estrade, Archie savait qu'il ne pouvait pas refuser de continuer, même en entendant parler des billets. Et c'est ainsi que ça s'était déroulé. Magnifique.
Carter s'approcha. «Ils se vendent pour de bon, Archie,», dit-il. Carter appréciait l'idée du combat. Il adorait la boxe. Il avait d'ailleurs acheté deux billets et s'était bien amusé à chercher quels coups demander. Il s'était finalement décidé pour un crochet du droit dans la mâchoire et un uppercut. Au dernier moment, il avait failli assigner les coups à Renault — pour donner une chance au gars. Mais Obie était près de lui, Obie qui met toujours son nez dans les affaires des autres. Alors Carter avait inscrit le nom de Janza. Janza la bête, toujours prête à sauter si Archie lui disait de sauter.

Robert Cormier, La guerre des chocolats, p.194 et suiv.


Cormier est également l'auteur d'un excellent livre de science-fiction, L'éclipse, l'histoire d'un jeune garçon qui découvre qu'il peut devenir invisible.

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